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Ecrit par Florian Masseube
Dans un monde où les entreprises ont plus de responsabilités que jamais, la RSE ne peut plus être une suite de bonnes intentions. Elle doit devenir une stratégie structurée, ancrée dans la réalité de l’entreprise. Mais comment éviter l’effet "catalogue IKEA" où chaque action RSE semble indispensable, mais rien ne rentre dans la voiture ? Il est temps de hiérarchiser, de faire des choix, et surtout… de mobiliser intelligemment.
1. Prioriser les actions RSE : structurer ses chantiers, poser des jalons, et embarquer les équipes
Avant de parler d’actions, il faut parler de structure. Une démarche RSE solide repose d’abord sur une hiérarchisation des enjeux, une logique de planification stratégique, et une capacité à faire le tri entre ce qui est prioritaire, structurant, ou purement opportuniste.
🔍 Commencez par identifier vos enjeux matériels
Première étape : savoir où agir en priorité. Cela passe par une analyse de matérialité ou de double matérialité, c’est-à-dire une cartographie croisée de vos enjeux internes (valeurs, activités, objectifs de développement) et externes (attentes des parties prenantes, évolutions réglementaires, référentiels sectoriels). Pour comprendre les répercussions de votre activité sur son environnement mais aussi pour identifier les facteurs de risques ou d’opportunité pouvant toucher votre entreprise.
🛠 Formalisez vos grands chantiers RSE
Une fois les axes identifiés, structurez votre plan d’actions autour de grands chantiers thématiques, chacun rattaché à un ou plusieurs enjeux matériels.
Voici une base de répartition possible :
- Climat & énergie : bilan carbone, plan de réduction, transition énergétique.
- Social & RH : égalité des chances, qualité de vie au travail, dialogue social.
- Chantier achats responsables : politique fournisseurs, Scorecards RSE du type Scoring by Positive, clauses RSE.
- Gouvernance & éthique : transparence, lutte contre la corruption, data éthique.
- Biodiversité & ressources : consommation des ressources, impact sur les écosystèmes.
🧩 Priorisez les actions avec méthode
Toutes les actions ne se valent pas. Pour hiérarchiser efficacement, basez-vous sur trois critères :
- Impact : quel est le gain réel pour l’environnement, le social ou l’éthique ?
- Faisabilité : dispose-t-on des moyens humains, techniques ou financiers pour la mettre en œuvre ?
- Alignement : est-ce que cette action est cohérente avec la stratégie de l’entreprise et les attentes de ses parties prenantes ?
2. Responsabiliser les collaborateurs : créer un collectif moteur
La réussite d’une stratégie RSE tient à de nombreux facteurs mais le principal reste l’humain. Ne misez pas tout sur le comité de direction ou le service RSE. Le changement vient souvent d’ailleurs.
Mettez en place une équipe d’ambassadeurs RSE : biodiversité, sobriété numérique, éco-gestes…
Comment avez-vous lancé le programme d’ambassadeurs RSE ?
Nous avons identifié nos priorités RSE (carbone, déchets, QVT) puis lancé un appel à volontaires. Chaque collaborateur intéressé devait candidater avec une motivation et une idée d’action.
Quel impact avez-vous observé ?
Un vrai effet levier : plus d’engagement, plus d’initiatives venues du terrain, et une culture RSE qui infuse naturellement dans l’entreprise.![]()
Dans les plus grandes entreprises, pour donner du poids à ce collectif, installez un comité RSE représentatif. Il a pour mission de faire remonter les initiatives du terrain et de renforcer votre feuille de route.
3. Viser des petites victoires pour faire avancer les grandes causes
La tentation est grande de viser tout de suite la neutralité carbone 2040, ou de vouloir révolutionner son modèle d’achat en six mois. Mais soyons réalistes : les micro-actions ont un super-pouvoir.
Un frigo partagé pour limiter le gaspillage, un défi mobilité douce sur un mois, la suppression des gobelets jetables, l’intégration de critères RSE dans un premier appel d’offres… autant de petites victoires concrètes, visibles, qui font avancer le collectif, et qui créent de la crédibilité en interne.
Ces actions rapides nourrissent la dynamique. Et quand on voit les résultats, on a envie d’aller plus loin.
Les petites victoires, ce sont celles qui créent de l’élan. Un geste du quotidien, une idée testée dans une équipe, … Ce n’est pas grand-chose, mais ça montre que la RSE, c’est concret et vivant.
Et surtout, ça donne envie de continuer et de porter des sujets qui transforment l'entreprise, qui créent de l'impact et qui rejaillissent sur l'ensemble de l'éco-système de l'entreprise.
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4. Savoir dire non (ou pas maintenant)
Tous les projets RSE ne sont pas bons à prendre. Certains sont trop gros, d’autres pas encore mûrs. Et parfois, il faut savoir renoncer.
Ne vous engagez pas sur un chantier qui dépasse vos ressources, ou sur un sujet qui n’a pas d’adhésion en interne. Mieux vaut décaler une action de six mois, voire d’un an, plutôt que de lancer un projet bancal qui ne décollera jamais.
Soyez lucide : la maturité RSE d’une entreprise progresse par étapes. Il y a un temps pour chaque chose, et ce n’est pas grave de ne pas tout faire d’un coup.
5. Ce qu’il ne faut surtout pas faire (et qui sent le vécu)
💥 Subir l’agenda : "On lance l’action diversité… parce que le 8 mars approche !" Spoiler : ça ne marche pas.
💥 Tout vouloir faire : "On crée un potager, un fonds carbone, un label égalité, une appli interne et une course solidaire... cette semaine." Résultat : burn-out du service RSE et potager déserté.
💥 Copier-coller un benchmark sans se poser de questions : ce qui marche chez Patagonia n’est pas forcément transposable chez tout le monde.
Conseil bonus : ne confondez pas action RSE et opération de com’ déguisée. Un atelier bien-être avec des smoothies détox ne remplacera jamais une vraie politique de QVT.
En conclusion
La RSE, c’est un sport d’équipe, une affaire de cap… et de lucidité. Mieux vaut 3 chantiers bien menés que 10 lancés à moitié. Priorisez, impliquez, mesurez, ajustez. Et surtout, avancez avec humilité, pragmatisme et engagement.
Chez Positive Company, on croit aux stratégies RSE qui transforment vraiment les entreprises. Une action à la fois.